L’autre enjeu de “Once upon a Time in Hollywood” réside aussi en sa façon d’aborder la sordide histoire de la “Famille” de Charles Manson, la communauté hippie reconnue coupable de plusieurs meurtres dont celui de Sharon Tate, ex-épouse de Roman Polanski, alors enceinte de 8 mois. Inutile de préciser que ceux qui ne connaissent pas la véritable histoire passeront donc complètement à côté du film.
Une fois encore, avec une grande maîtrise, et malgré quelques longueurs et une manifeste absence de scénario dans la première moitié du film, Quentin Tarantino parvient à nous laisser bouche bée et à nous faire frémir devant tant de violence salvatrice, qui, comme toujours, sert de vengeance et de catharsis, pour éliminer les méchants (les vrais) et réécrire l’histoire.
Niveau esthétique, musique et mise en scène, Tarantino continue à nous émerveiller et cette fois, c’est dans la cité des Anges qu’il a posé ses valises, reconstituant minutieusement chaque lieu de l’histoire, du ranch Spahn, où Charles Manson et ses adeptes avaient trouvé refuge, à la résidence de Cielo Drive, où vivait Sharon Tate avant d’être tuée.
Comme souvent dans ses films, Tarantino use et abuse du ton comique et burlesque, et accumule les clins d’œil et les références à ses propres films (les plans séquences sur les pieds nus posés sur le tableau de bord d’une voiture, par exemple), ou à ceux qui l’ont inspiré.
Avec brio, le réalisateur parvient aussi à opérer un parallèle, comme un split screen invisible, entre les chemins sablonneux des contrées californiennes où les hippies traînent des pieds, et les soirées hollywoodiennes ou les studios de cinéma, où les stars, petites ou grandes, espèrent briller sous le feu des projecteurs.
Car Once upon a Time in Hollywood parle aussi de hasards, de destinées et de chemins qui se croisent. Comme ceux des deux hommes et amis – Rick, alias Leo, star de séries télé et Cliff, son double cascadeur –, l’un star sur le déclin, pris dans la tourmente, l’autre résigné et plus apaisé. Comme aussi la rencontre imprévue – et excessivement drôle – entre Cliff et Bruce Lee. Ou encore entre Cliff et Pussycat, la jeune hippie.
Entre espoirs déchus et rêve américain, Tarantino signe un chef-d’œuvre où les hippies, le LSD et le cinéma se croisent et s’entrecroisent pour le meilleur et pour le pire…
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.