Pedro Almodóvar signe un drame plus poétique que jamais avec La Chambre d’à côté, son dernier film sorti en salle le 8 janvier 2025.
À première vue, on pourrait penser qu’un film sur la fin de vie serait tout sauf lumineux et plein d’espoir. Pourtant, Almodóvar sait nous surprendre avec son premier film entièrement anglophone.
La Chambre d’à côté surprend car il relève plus de la veine de Woody Allen au niveau du scénario et délaisse un temps le côté fantasque de ses autres œuvres. Mais le réalisateur espagnol n’en oublie pas moins de célébrer la beauté des femmes et la sororité la plus belle qui soit, celle qui devient plus qu’évidente et universelle lorsqu’il s’agit d’accompagner une âme vers l’au delà.
Le long métrage est aussi une vibrante célébration de l’art sous toutes ses formes, avec un hommage affirmé à Edward Hopper. On retrouve le style feutré de ses œuvres et leurs couleurs dans tous les détails, de la décoration des appartements aux tenues des personnages féminins. Almodóvar évoque la puissance de la littérature, avec les multiples livres qui jalonnent les scènes du film, ou la scène dans un bookshop. Il n’en oublie pas moins le septième art avec le clin d’œil au film Dubliners de John Huston, inspiré de l’œuvre de James Joyce, qui illustre qu’il neige de la même façon sur les morts comme sur les vivants.
La Chambre d’à côté, qui a raflé le Lion d’Or à la Mostra de Venise 2024, est un film contemplatif qui célèbre aussi la puissance de la vie et la fatalité de la mort. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, plutôt que de se pencher sur la tristesse de cette inéluctable fin, le long métrage s’attarde sur la beauté de ces derniers instants de vie, où la simple contemplation du monde, à travers une fenêtre ou le chant des oiseaux, devient une ode à la vie.
Tilda Swinton et Julianne Moore sont flamboyantes de sincérité dans ce drame qui réunit deux belles âmes, séparées à jamais mais plus que jamais liées par un indéfectible lien avant que l’heure fatidique soit venue.
Almodóvar signe son long métrage le plus tendre et le plus poétique, le plus touchant et aussi le plus différent. Son film trouble parce qu’il nous emmène vers une perception plus légère de la maladie et de la fin de vie. Un moment privilégié où rien ne compte plus que d’humer à pleins poumons notre chance d’être en vie.
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