elon le rapport Deloitte paru en 2008, “Près de 3 millions de touristes, issus principalement des pays riches, se rendent chaque année dans ces pays de destination pour réaliser des actes médicaux ou de chirurgie esthétique”. Pour autant, le tourisme chirurgical représente de nombreux dangers. Le Docteur Thierry Ktorza, chirurgien qualifié en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, pratique depuis maintenant 17 ans. Il a toujours milité contre la pratique du tourisme chirurgical. Tout d’abord en pratiquant une politique de prix raisonnables pour permettre au plus grand nombre d’accéder à la chirurgie esthétique, ensuite pour protéger les patientes des risques qu’ils peuvent prendre pour leur propre santé. Madmoiselle Julie a souhaité lui poser quelques questions…
Madmoiselle Julie : Selon vous, pourquoi le tourisme esthétique s’est il considérablement développé ?
Dr Thierry Ktorza : Uniquement en raison des prix, en moyenne 30 % moins chers que ceux relevés en France. Ces prix « très attractifs » suffisent à capter l’attention des patient(es) qui voient là un moyen d’accéder à leur désir, pour les moins fortunés… Sans prendre garde aux notions de sécurité, si importantes en France. Mais attention, en pratique, entre les frais de séjour et les pratiques commerciales pour « vendre » des interventions supplémentaires, les prix ne sont pas toujours si intéressants au final.
Majoritairement, comment les patients prennent-ils connaissance de ces opérations low cost à l’étranger ? Uniquement grâce à Internet ?
Oui, grâce à Internet mais aussi à la télévision qui n’a pas hésité à publier des reportages sur des expériences de patients qui se sont fait opérer à l’étranger. Les médias, friands d’expériences nouvelles et spectaculaires, ont mis en lumière ces pratiques de chirurgie à l’étranger.
Quels sont exactement les dangers auxquels ils s’exposent ?
C’est l’ensemble des notions de sécurité mises en place en France que l’on bafoue en partant se faire opérer à l’étranger. Tout d’abord, sur les garanties de qualification du chirurgien, jamais sûres à l’étranger. Ensuite sur les normes de sécurité des cliniques dont on n’est jamais certain. Ce sont toutes ces normes destinées à protéger le patient en chirurgie esthétique qui coûtent cher et qui expliquent les prix pratiqués en France.
“Une intervention ne s’arrête pas au dernier point de suture pratiqué.
Elle nécessite un suivi rigoureux.”
Quels sont les pays qui sont le plus concernés par le “tourisme esthétique” ?
Ce sont essentiellement les pays du Maghreb (Tunisie, Maroc), mais également la Belgique et depuis peu les pays d’Europe de l’est qui s’y mettent…
Quels types d’interventions sont le plus exposées à ces dangers ?
Toutes sont concernées. Toutes les interventions sont potentiellement risquées, dès lors que les régles de sécurité ne sont pas respectées.
Outre son potentiel “danger”, quels sont les autres inconvénients d’une opération de chirurgie esthétique à l’étranger, contrairement à une opération classique en France ?
C’est essentiellement le suivi des interventions de chirurgie esthétique qui est également négligé. Une intervention ne s’arrête pas au dernier point de suture pratiqué, mais elle nécessite un suivi rigoureux pour prendre en charge d’éventuelles complications ou retouches nécessaires. Une fois opérés à l’étranger, les patients n’ont plus aucun recours.
Est-il possible d’éviter des opérations ratées à l’étranger ? Comment ?
Tout simplement en évitant de se faire opérer à l’étranger. Il existe suffisamment de chirurgiens de qualité en France pour partir se faire opérer dans des conditions douteuses à l’étranger.
Au niveau juridique, est-il possible pour ces patients de porter plainte par la suite ?
C’est très compliqué pour un patient d’avoir gain de cause sur une intervention pratiquée à l’étranger. Les coûts juridiques sont alors très élevés, compte tenu des distances entre les pays, et les patients n’ont alors pas les moyens d’y faire face.
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.