“Wonder Foule”
À quoi distingue t-on les génies des grands artistes ? Leur musique sonne comme une évidence. Ils sont capables de mettre tout le monde d’accord. D’accrocher des sourires sur chaque visage. De faire danser jusqu’à l’agent de sécu dans la fosse. Le génie ne fait pas seulement son art, il ne vit que par lui. Il l’impose. Son art, c’est sa seule chance de survie.
Alors quand on voit Chilly, pianiste-poète-orateur de génie, qui donne tout pour la foule au piano, sur scène ou dans les bras de son public du Théâtre Silvain, soudain c’est l’évidence. S’il vit c’est bien pour être ici, devant la foule et jusqu’en elle.
Habillé de sa traditionnelle robe de chambre, claquettes aux pieds, le prodige au charme incomparable ne sortait pas de son bain. Il se préparait plutôt à en prendre un dans la foule. « C’est wonderful de prendre un bain de foule », scandait-il, suspendu au-dessus des têtes, tenu de part et d’autre par des mains sécurisantes. Au-dessus de la fosse, le génie palpait la moiteur, captait chaque sourire, semblait mémoriser chaque regard empreint de tendresse. Il se laissait bercer dans les bras de ceux qui étaient venus goûter à sa folie, dans la douceur de cette chaude nuit d’été à Marseille.
Après une première au Marseille Jazz en 2019, le « contrat » est de nouveau rempli. Lorsque le rappel se termine, on repart de ce Théâtre Silvain bordé par les flots avec l’assurance d’avoir assisté à un grand, très grand moment. Hors du temps.
J.B.
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.