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Une vie sociale et sobre est-elle encore possible ?

Une vie sociale et sobre est-elle encore possible ?

Au début, tu étais ivre au bout d’un verre en boîte le samedi soir. Mais ça, c’était à l’adolescence, quand tu pensais te saouler avec une Smirnoff ice, une Despé ou un Malibu ananas. Peu à peu, sans pas vraiment t’en rendre compte, tu as multiplié les cuites, passant de deux jours par semaine à tous les deux jours (dans les moments où tu es le plus en forme). Mais du coup, tu commences sérieusement à te poser des questions : est-il réellement possible de fréquenter des gens et de sortir au-delà de 20h en buvant du Perrier ?

Madonna Sting 2pacAlors évidemment – et heureusement ! – oui. Des tas de gens n’ont aucun mal à enchaîner les tournées de Pago accoudés au comptoir et réussissent évidemment à garder toute leur dignité. Chose moins probable lorsque tu en es à ton dixième shot en une heure, et qu’il n’est même pas minuit (quoi ? Il est QUE 22 heures ??)

Bien sûr, on peut encore avoir une vie sociale et nocturne en préférant le Coca Zéro au Gin To. Cela présente au moins l’avantage de dépenser beaucoup moins d’argent. Dans le meilleur des cas, les softs sont 5€ moins cher – dans le pire des cas, c’est aussi rentable de boire de la vodka que du jus de fruit sans rien dedans, comme en boîte de nuit où tu payes 10€ que tu boives de l’alcool ou non. Mais, avec un peu de chance, la serveuse te fera grâce de ta consommation non alcoolisée, touchée par l’idée que tu as décidé d’être Sam ce soir.
Et puis aussi, forcément, les gens sobres en soirée dépensent moins que toi pour la simple et bonne raison qu’ils ne claqueront pas tout ce qu’ils trouvent dans leur porte-monnaie jusqu’à 6 heures du mat, car, forcément, l’alcool c’est comme la dépression, ça rend les achats compulsifs.

En fait, tu ressens même une certaine fascination envers ces gens qui réussissent à passer une soirée sans avaler une goutte d’alcool, parce qu’ils conduisent, qu’ils n’en ont pas envie, ou tout simplement car ils n’aiment pas boire. Pour rien au monde tu ne les envies, car toi, tu as toujours envie de boire. Et le problème, c’est que quand tu commences, tu as du mal à t’arrêter. Même si nous sommes mardi soir, qu’il est 20h, que tu devais juste “boire une bière” avant de rentrer chez toi. On connaît tous le guet-apen que te tend régulièrement (de façon hebdomadaire dirons nous) ton bar favori, avec son serveur qui te claque deux bises et n’hésite pas à t’offrir deux shots d’emblée.

shots drunk

Pire, tes potes serveurs du resto qui te proposent le digestif à 14H après un bon déjeuner en terrasse, te proposant la chose de la sorte : “Manzana, limoncello, get 27, vodka” ? Ben oui, la vodka ça aide à digérer, à faire le vide, c’est bien connu.

Ta capacité à ne jamais dire “non” à l’alcool t’impressionne jour après jour. Chaque fois que tu as envie de refuser un verre, tu as l’impression que la personne en face de toi va t’en vouloir jusqu’à la fin de sa vie. Parfois même, tu bois juste pour suivre un pote qui ne veut pas aller commander seul au bar. Parfois même, tu as vraiment envie de boire parce que tu as chaud, que tu es déshydraté, que le club où tu as décidé de te perdre a décidé de ne pas enclencher la clim alors que nous sommes à Marseille en plein mois de juillet, et, du coup, quitte à aller chercher à boire, autant te prendre une bière (et là, généralement, tu te justifies en clamant haut et fort : “la bière, ça désaltère !”).

Tu as fait une croix sur les semaines detox. Tu as décidé de ne plus prendre ta voiture / ton scooter / ta moto et ne roule désormais plus qu’en taco. Tu es foutu. Pire, tu en es venu à tirer une conclusion effrayante de tout cet alcoolisme faussement mondain, mais juste complètement serein : pour arrêter de boire, il faut arrêter de sortir tout court.

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