n t’en a servi des “tu verras, à 30 ans…”, on t’en a balancé des sermons parce qu’une fois passé 25 ans, t’es toujours célibataire, toujours pas propriétaire, encore moins titulaire du permis B ni enclin à donner la vie – ni enclin à l’engagement tout court, pour simplifier. Toi, en fait, tu comprends pas trop d’où vient ce sacro-saint schéma social qui veut qu’à 30 ans, on ait complété le pack dit du triple M “mariage/mioche/monospace”. Et pire encore, à 30 ans, t’as plutôt décidé de faire tout l’inverse.
Tu répètes même à tous tes amis célibataires comme toi qu’après tout, un mariage sur trois finit en divorce. Ne l’oublions pas. Parfois même, tu oses balancer cette chère statistique au couple d’amis que tu as reçu à l’heure de l’apéro et qui essaie de te convaincre, après 3 vodka-to, que “toi aussi, un jour, tu auras la chance de dire oui pour la vie” – non merci.
Pourtant, t’es heu-reux comme ça. T’as même l’impression de retomber en pleine adolescence – l’acné, l’appareil dentaire et le stress de ta future première fois en moins, la classe ! En fait non, c’est même mieux que l’adolescence, car désormais, tu n’as de comptes à rendre à personne (surtout pas à tes parents), et encore moins à une quelconque moitié (qui, du coup, deviendrait même plutôt un surplus-super-relou quand, aux alentours de 22h, il te trouvera un peu trop sexy pour sortir comme ça avec tes potes un samedi soir).
Tu crois même que t’es complètement anti-conventionnel. T’as pas envie de te laisser dicter ta vie par des règles dictées d’on-ne-sait-où. Qui a dit qu’on ne pouvait être épanoui qu’en partageant sa vie avec une autre personne (oui, cette autre personne que l’on finira par surnommer “bibou” même devant ses copains d’ici quelques années, avec laquelle on se disputera dans les rayons d’Ikea, qui nous enverra des SMS complètement niais pour savoir ce qu’on mange ce soir, et qu’on finira par critiquer tous les lundis matins en arrivant au boulot pour ses petits défauts qu’on trouvait complètement craquants aux premiers jours de la relation.)
Déjà, t’as arrêté d’être émotionnellement-dépendant. Tu prônes l’indépendance, la liberté, et surtout, tu milites pour que l’on arrête d’assimiler le célibat à l’ennui. Ta libido culmine, ton agenda est surchargé, du moins aussi chargé que tes verres de vodka du jeudi soir. Car oui, chez toi, le week-end commence le jeudi soir.
Pas question de troquer ton Livret A contre un plan épargne logement. Pire ! Contre un compte commun. Oui, ton expérience te l’a bien appris : en amour, l’argent c’est comme le téléphone portable ou l’historique de ton Google Chrome, il y a des choses qui ne se partagent pas.
Alors ouais, le temps passe, chacun de tes anniversaires te rappelle à l’ordre, comme une épée de Damoclès pointée au-dessus de ta chère liberté. Un jour ou l’autre, tu te calmeras. tu te rangeras. Tu diras “bibou” à ton prochain. Tu enverras des SMS niais pour savoir ce qu’on mange ce soir. Tu envisageras même de casser ton livret A pour un compte commun et ainsi acheter un monospace (avec le siège bébé à l’arrière). Un jour peut-être. Mais pas demain. Demain, t’as apéro.
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.
Bonjour!
Bon après avoir lu votre article que je trouve pertinent, surtout sur l’anti-conventionnel, je me permet quelques commentaires :
J’ai moi-même bientôt 30 ans, je suis en couple depuis 6 ans et ai une maison depuis 6 mois et un compte commun (OH MY GOD!)… MAIS on est pas marié (et cela ne sera jamais en projet), sans enfants (ca on verra ^^), je n’ai pas de permis de conduire, on sort régulièrement, parfois chacun de son côté. Je ne l’appelle certainement pas Bibou devant d’autre personnes et on préfère éviter de se battre devant tout le monde (on est assez expansif tous les 2…).
De plus, j’ai quelques amies célibataires et il n’y en a pas une qui ne pleure pas après un mec, tout en étant des femmes indépendantes qui, en soi, n’ont pas besoin d’un homme… Elles n’ont pas spécialement envie de mariage mais plus d’une présence… mais je ne crois pas pour autant qu’elles sont émotionnellement dépendante!
Et pour finir, je dirais que ce qui m’a vraiment plu dans votre article, c’est plus la forme que le fond : J’aime beaucoup votre façon d’écrire! C’est direct, entraînant et sans faute d’orthographe ou presque, ce qui est hautement appréciable de nos jours!
Merci Morgane 🙂
Je généralise volontairement, mais tout cela est ironique bien sûr !