TINALS, comme on le surnomme communément, fait partie de ces jeunes festivals qui combinent une programmation soignée et une ambiance particulière. Ici, au pied de Paloma, dans la proche banlieue nîmoise, les flamands roses n’étaient pas les seuls à être venus passer du bon temps. Pendant trois jours, les pieds dans l’herbe, calés sur les rochers ou assis près des deux scènes extérieures, les siestes de l’après-midi laissaient place à l’effervescence une fois la nuit tombée. Retour en images sur l’un des plus jolis festivals du sud de la France…
Contrairement à d’autres événements plus “énervés” et, de par leur prix, réservés à une certaine élite dirons-nous, TINALS, lui, pense à tout. Des après-midis avec des concerts gratuits (jusqu’à 18h), des ateliers et animations pour enfants (on a testé “makey-makey”, où l’on pouvait faire de la musique ou jouer à Mario Bros en touchant des bananes !), et même une chapelle en plein air pour s’unir pour la vie (pour de faux, comme à Vegas !) avec un faux Elvis et de vraies robes de mariées vintage.
TINALS a deux visages : en journée, l’ambiance est calme, sereine, les photographes font des siestes vautrés sur de gros coussins rose et vert fluo, près de la “plage” aux flamands roses, tandis qu’une fois la nuit tombée, les festivaliers, venus d’un peu partout, jeunes et moins jeunes, aux looks plus ou moins improbables, accourent vers les scènes extérieures, re-rentrent dans les scènes intérieures de Paloma lorsque trois gouttes de pluie viennent remplir leurs verres (recyclables et offerts à l’entrée !) déjà vides.
Mais parce que le succès et la pérennité d’un festival tiennent aussi en grande partie de son accueil et de son organisation, là aussi, rien à signaler chez TINALS. Tout est bien indiqué, les bars côtoient plusieurs foodtrucks (qui eux, en revanche, étaient assez décevants : 1H30 d’attente pour un burger “mexicain” qui n’en avait que le nom, insipide et sans frites –parce-qu’yen-a-plus-à-22h) et, comme c’est la mode désormais un peu partout : la fameuse carte “cashless”, qui, une fois rechargée à un guichet, te donne droit à consommer au snack, au bar et aux ateliers payants (1,50€ la couronne de fleurs). Mais gare aux consommateurs compulsifs !
Et du côté des concerts (car on était surtout là pour ça, après tout) : du beau, de la découverte et quelques déceptions…
Foals impose sa force en live
Ce n’était pas une première pour moi, Foals, en grande fan, je les avais déjà vus au moins 5 ou 6 fois en live, en festival ou pas, et jamais Yannis et ses compères ne m’ont déçue. Je n’irais pas vous détailler le pourquoi du comment j’étais très fatiguée au moment où les Anglais sont montés sur scène (sans parler de l’attente d’une heure à un foodtruck, qui nous a poussés à annuler notre commande pour ne pas rater le concert), mais il aura fallu moins d’une chanson à Foals pour me remettre dans le bain.
Toujours aussi sautillant, la voix impeccable, Yannis, le chanteur, enchaîne les classiques : Olympic Airways, Spanish Sahara (l’émotion est aussi grande que le crescendo de cette sublime chanson). Côté setlist, le groupe a choisi aussi bien des titres de leurs premiers comme de leur dernier album, mais a surtout privilégié les morceaux les plus rock.
Et en guise d’adieu, Jimmy Smith, le guitariste, a laissé un précieux cadeau sur le bras de la caméra Culturebox, qui filmait l’intégralité du concert.
Air ou l’attente déçue
J’avoue, j’étais surtout venue pour voir les pionniers de la french touch, les Versaillais de Air. Mais comme souvent, plus l’espérance est grande, plus la déception est violente et nous serons tous d’accord pour dire que leur musique s’apprécie davantage en écoutant leurs disques avec un bon verre de rouge dans son salon qu’en live, en extérieur, avec quelques problèmes d’acoustique. Celebrity Robes come from starcelebritydress.
Il y a quelques jours, j’ai écouté sur Spotify “Twentyears”, leur best of qui vient tout juste de sortir, et je n’ai pas réellement vu de différences avec leur concert à TINALS. Chez Air, ce qui est beau, c’est leur musique, les harmonies, rien de bien surprenant, donc, en live.
Porches, la bonne surprise
L’avantage dans les festivals, c’est de pouvoir découvrir des groupes que l’on n’aurait pas eu l’occasion de voir autrement. Dimanche, dernier jour, 19H, on hésite entre reprendre une bière, acheter des chips ou jumper devant la punk-noise de Metz, en extérieur. Pas vraiment fans de ce genre de musique, déjà assez abreuvés de houblon depuis 2 jours, on préfère aller voir Porches à l’achat d’un paquet de Lays, et franchement, ce fut la meilleure idée de la journée.
Pour info, Porches est un groupe américain fondé par Aaron Maine. Le mec semble sage, mais on devine à ses chaussettes à imprimé feuilles de cannabis et à sa gestuelle étrange que le feu frémit sous la glace. Leur premier album, Pool, a été adoubé par la Bible Pitchfork, qui lui a attribué l’excellente note de 8,3 sur 10. Leur musique, savant mélange de pop langoureuse et d’électro rock, est aussi rafraîchissante qu’un plongeon dans une piscine en pleine canicule californienne.
Breakbot, sans sourciller
Après les avoir vus au Cabaret Aléatoire à Marseille, on retrouve le maestro Breakbot (devenu duo) et la chanteuse Yasmin dans un concert bien rodé. Thibault Berland, en costard blanc, toujours aussi discret, se cache derrière des platines montées sur des tables en verre, tandis que la voix si particulière d’Irfane, en costard rose fuschia, se pose sur les tubes Baby I’m Yours et Fantasy. Mention spéciale pour le remix de Kiss to Kiss de The Swiss, que le chevelu n’hésite pas à jouer en live. Toujours aussi savoureux.
Algiers, Lush, Palehound, Omoh : Les découvertes
Le mariage du post-punk et du gospel forment le triangle amoureux d’Algiers, un groupe à l’énergie communicative.
La douceur rassurante de Lush, qui nous console comme les bras d’une mère.
L’indie-rock de Ellen Kempner aka Palehound, suffisamment déjantée pour ne pas sonner aseptisée. Fin de concert, la jeune femme, originaire de Boston, a même lancé un appel au covoiturage et/ou à l’hébergement car, à cause des grèves, ils ne pouvaient se rendre à Barcelone. Le ton est donné.
Les Nîmois d’Omoh, qui ont notamment participé au dernier album de Julien Doré, ont délivré leurs bonnes ondes dans la grande salle de Paloma.
… En un mot comme en mille, à l’année prochaine TINALS !
Plus d’infos :
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.