ne fois n’est pas coutume : un vrai chef d’œuvre cinématographique illumine nos salles pendant l’été. Pedro Almodóvar, en plus de dépasser les limites de l’acceptable et de l’entendement dans chacun de ses films, signe avec La Piel que Habito un yin et yang de désir et de répulsion, d’horreur et d’attraction, de confusion et de parfaite linéarité. En résulte un film dérangeant, particulier, dans la veine de ses précédents longs métrages et qui ne fait que confirmer son génie aux idées aussi folles que ses héros…
Dans La Piel que Habito, la caméra de Pedro Almodóvar filme une énigmatique jeune femme, vêtue d’une combinaison couleur chair, qui passe son temps à faire des étirements et des exercices de yoga dans une chambre fermée à double tour. Jour après jour, le chirurgien Robert Ledgard scrute cette prison dorée, qui s’apparente à un loft classieux, avec un regard plein de rancœur et de remords. On comprend bientôt qu’il cherche à élaborer une peau parfaite, qui résisterait à quasiment tout. A la manière d’un Docteur Jekyll et Mister Hyde, il poursuit cette quête quitte à transgresser toutes les lois, gagné par la folie, par l’idée d’arriver lentement à son but ultime : venger sa femme morte brûlée dans un accident de voiture. On le croit déterminé et perfectionniste, il est en fait perdu et en plein délire monomaniaque.
A la manière du chirurgien plasticien qu’il place au cœur de son film (incarné par Antonio Banderas), Pedro Almodóvar travaille son récit et sa mise en scène avec un oeil expert, une minutie inégalable et un geste de perfectionniste. On retrouve les grands thèmes chers à ses œuvres : la présence toujours énigmatique d’une mère gouvernante qui semble posséder et garder le secret de l’intrigue comme la clé d’un précieux jardin secret ; l’ambivalence entre masculin et féminin, la question du genre et de la quête identitaire ; l’amour passionnel entre un homme tourmenté et sa muse (comme dans son précédent film, Étreintes Brisées). Et aussi, cette fragilité féminine qui se mue soudain, par un évènement majeur, en une force inébranlable. Surtout, le secret de son histoire, de sa genèse, et de ce qu’elle cache sous sa combinaison couleur chair, est bouleversant de sens et de démence. Du grand Almodóvar.
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.
J’avoue que ça me donne envie ….
Je te le conseille vraiment Marie, même s’il est particulier…
J’ai adoré, ça fait plaisir les films comme ça