L’orthographe pour les nuls

Je veux continuer d’écrire nénufar nénuphar sans “f”, parce qu’on me l’a appris et que j’ai toujours tenu à avoir plus de 17/20 en dictée, parce que je respecte trop la langue française (et qu’accessoirement, j’ai décidé aussi d’en faire mon métier). Je veux continuer à éplucher des oignons plutôt que des “ognons”, parce que aïe putain quand même quoi, ça fait mal aux yeux là.

Cette réforme de l’orthographe votée par l’Académie française en 90 (oui oui !) et prévue pour septembre prochain me file sérieusement la nausée. Outre le fait qu’imaginer un seul instant que tous les Benoît s’appelleront désormais Benoit, que tous les écoliers ne s’amuseront plus à dessiner de petits chapeaux pour faire des accents circonflexes, que l’on se “tirera en weekend” (sans tiret !!!), il faut avouer que ces 2400 nouveaux mots mal orthographiés (nénuFar, ognon…) écorchent sérieusement notre belle et ô complexe langue de Molière.

Mais au fond, le débat est ailleurs. En voulant “simplifier” l’orthographe des mots soi-disant difficiles, on oublie de soigner l’un des principaux maux du siècle à sa racine, et on préfère étaler une jolie couche en surface, sans soulever le réel problème de notre société. On finit par récompenser ceux qui “PRFR ÉKRIR EN LGAGE SMS” en modifiant pour eux les mots, au lieu de faire en sorte que l’apprentissage de l’orthographe à l’école, au collège ou au lycée soit renforcé.

J’ai hâte que l’on décrète que “ça va” s’écrive “sa va”, que “et” et “est” veuillent dire la même chose, et tant qu’à faire, que l’on supprime aussi la ponctuation et les espaces parcequebordelcestchiantalafin.

Et tant qu’à faire, que l’on rebaptise aussi l’Académie Française “French Academy”, pour la remercier pour son idée, parce que c’est plus moderne au fond (et en plus ça fait penser à Nikos Aliagas).