ibéréééééé, délivrééééé… La reine des Neiges n’était peut-être pas la seule à crier ses envies d’air pur. Les fondateurs de ce cher concept d’open space clamaient eux aussi le même refrain dans les années 50. S’affranchir des murs et des cloisons pour vivre tous ensemble, pour le pire et pour le meilleur. C’était un peu la fausse promesse des frères Schnelle qui ont inventé cette nouvelle manière de vivre ensemble. Sauf que, dans la pratique, la réalité est évidemment toute autre. Enterrant à tout jamais le commandement selon lequel “tu aimeras ton prochain”, ces bureaux sans cloisons sont loin de garantir un monde sans haine ni violence. Bien au contraire. La preuve par 5.
Problème numéro 1 : les bactéries
Proximité avec ses collègues oblige, l’open space force par la même la cohésion bactérienne (à défaut de cohésion sociale). Dans cet espace complètement ouvert, les virus et autres infections s’en donnent à cœur joie, circulant comme bon leur semble et encore plus facilement que dans l’espace Schengen. Méfiez-vous d’autant plus si le dit open space est doté d’une pointeuse. Oui, vous savez, ce petit appareil ré-vo-lu-tion-nai-re qui vous permet de partir 1h plus tard le lundi pour finir 1h plus tôt le vendredi. Vice caché, il vous permettra de quitter l’enfer avant l’heure pour partir en week-end, certes, mais avec une jolie gastro en prime. C’est cadeau !
Problème numéro 2 : la chaleur corporelle
“Est-ce que les gens naissent égaux en droits ?” se demandait Maxime Le Forestier derrière sa guitare. Et bien, force est de constater que non. Quiconque a un jour effectué un stage, un contrat d’alternance ou passé dix années de sa vie en CDI dans un open space vous le dira. Un peu comme des rats de laboratoire, sortes de cobayes coincés entre quatre murs, la population évoluant dans un espace ouvert revient à la base, aux fondements, à l’essence, aux problématiques même de son existence. À savoir la température du corps humain. Que faire quand Jeanine a froid en plein mois de juillet à cause de la clim trop près de son bureau, que Colette souffre d’hyperhidrose (Transpiration excessive) et ce même deux jours avant Noël ? Autre question existentielle, faut-il, une fois franchie la température intérieure de 24°C, enclencher la clim en décembre, sous prétexte que “travailler au dessus de ça, ce n’est abso-lu-ment pas vivable” ? Qu’en dit Nicolas Hulot et ses amis écolos ? La troisième guerre mondiale aura bien lieu et ce sera une guerre climatique, pour sûr.
Problème numéro 3 : les humeurs
Vivre dans une pièce unique vous confronte à des collègues eux aussi uniques en leur genre. Impossible, désormais, de feindre que tout va bien alors qu’on vous a plaqué(e) hier soir. Qui dit open space dit “communauté” et ce, même si vous n’avez rien en commun avec vos voisins de bureau. Malgré toute la bonne volonté du monde, il vous faudra composer avec Jean-Luc qui a décidé de vous tenir la jambe pendant une heure en arrivant café en main le matin pour vous parler du dernier Houellebecq, de la météo du week-end ou de la sortie de l’iPhone 7 (et qui, accessoirement, s’assoit sans demander sur le coin de votre bureau). Mais aussi avec Cindy qui est overbookée et bouleversée par l’herpès buccal de son petit dernier qui ne fait plus ses nuits, mais qui a quand même une demi-heure à tuer pour raconter tous ses problèmes à la secrétaire du service.
Problème numéro 4 : les odeurs
Les salariés à l’odorat développés regrettent déjà les bons vieux bureaux de 10m2 de la Cogip ou les aquariums de ces chères secrétaires médicales et autres standardistes. Vivre en open space, c’est être tolérant. Comprendre que Claude ne met pas de déo (parce que c’est cancérigène !, oui oui), que Gilles a marché dans une grosse merde avant d’arriver, que Maria mange du poisson tous les vendredis (en essayant de donner l’eau à la bouche à tous ses collègues, forcément), qu’Alexis a encore picolé hier soir et que Katia est la seule personne sur Terre à porter encore le parfum Angel de Thierry Mugler.
Problème numéro 5 : le bruit
Problème crucial s’il en est. Une semaine journée après votre expérience en open space, vous avez compris que votre casque / vos écouteurs seraient désormais votre seul et unique allié. Parce qu’ils vous empêchent d’entendre les prises de rendez-vous chez le gynéco de votre collègue Samantha, les discussions personnelles de votre pire ennemie à sa meilleure amie, la voix stridente de la Michelle la secrétaire qui répond au téléphone toutes les 2 minutes juste à côté de vous, les bruits de perceuse, l’aspirateur de Josette la femme de ménage (qui décide depuis 2 semaines de le passer en heure de pointe), les fous rires des dindes du service d’à côté qui décident de calquer leurs meilleures blagues sur vos plus grands instants de concentration. On vous le concède, l’open space est à l’image de la vie en société : pas facile tous les jours.
Originaire de Marseille depuis 34 ans, installée à Aix-en-Provence. N'aime ni l'air chaud du métro, ni les fruits de mer. Mexican Tacos Addict. Écrit aussi pour Sessùn et Konbini.
Certaines méthodes de management, et l’open space et les bureaux partagés en font partie, provoquent des risques psychosociaux en augmentation, qui nuisent à la fois à la santé des employés de bureau et à l’efficacité de l’entreprise. voir : La prévention des risques professionnels des employés de bureau :
http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/ergonomie-au-poste-de-travail/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=164&dossid=458